Compagnie de Théâtre itinérant

TRALALA SPLATCH

Création 2000

Ubu Cocu
(L’archéoptéryx)

D’après Alfred Jarry
Mise en scène de Joël Bluteau


On connaît surtout d’Alfred Jarry le célèbre « Ubu Roi » !
Dans « Ubu Cocu », le roi déchu de Pologne et d’Aragon, grand dictateur actionnant sans vergongne la pompe à Phynances et la machine à empaler, prend possession de la maison du savant égyptologie Achras.
Grand, guignol, théâtre à trappes, mélodrame boulevardier, théâtre d’ombres et machines infernales cohabitent dans une énergie chaotique sous la coupole d’un chapiteau où les clowns sont rois !


Avec : Claude Cottet, Zoé Maistre, Rainer Wettler, Joël Bluteau, Sibylle Jounot, Aurore Marty



A la fin du 19ème siècle, la montée du capitalisme fit réagir une grande partie des écrivains et artistes, sous la forme de l'anarchie et du désespoir : face à l'absurdité de ce monde, ils répondaient par l'illogisme, le canular et la mystification, en se moquant de tout et en restant en contact avec la vie.

Alfred Jarry fut de ceux-là. En voulant se jouer d'un professeur, il créa en 1888, dans une sorte d'inspiration géniale, le personnage d'"UBU", ce qui l'entraîna vers une rupture des règles du théâtre classique : cette déconstruction exigeait sur scène la suppression du héros, l'avènement des figures bouffonnes et vulgaires. Puisant dans les vieux fonds légendaires de la culture populaire et de la geste primitive, il créa une oeuvre métaphysique et parodique.

La pièce UBU COCU est débarrassée de tout réalisme et de toute satire car Jarry procède à l'envers de la caricature. Il ne s'agit pas forcément d'amuser. L'importance réside ici dans l'affirmation répétitive des pulsions brutes : l'ambition, la cupidité, la lâcheté, le passage de l'organique au scatologique pour jouer sur les réactions des spectateurs... Toute psychologie étant éliminée, l'action se réduit à une épure, une sorte de collage de situations qui reposent sur une symbolique très forte où l'absurde trouve un sens, ce qui porte très loin cette déréalisation. L'intrigue se focalise sur des personnages archétypaux, tout en silhouette, chargés des intentions que l'on voudra leur donner.

Ubu, en conquérant postiche, fait le vide autour de lui. Seul compte l'accomplissement de ses désirs et de son pouvoir. Jouant de sa conscience avec toute l'autorité du mufle, accompagné de son alter ego féminin, "Mère Ubu", porteuse d'une descendance monstrueuse, il exerce sa tyrannie sur des personnages : l'œil de Big Brother, exercé par les "Palotins", veille...

Dans cet espace cerné, fermé, centre de la gidouille, ces figures pathétiques et loufoques apparaissent comme les emblèmes d'un comportement qui, chez Jarry, annoncent le futurisme, le dada et les surréalistes.

La technique du collage, le découpage des citations littéraires et des situations, les objets détournés de leur contexte, le pastiche, le plagiat, permettent de faire sortir une œuvre de sa finitude, de la retravailler et de la penser le plus largement possible.
Ici le théâtre, les techniques de cirque, le jeu clownesque, la chanson, sont les supports de ces voies d'interprétations.


Suzanne Bauruel

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